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mardi 3 juin 2008 à 14h

2 parties : 1 2

La Rumeur en procès

ATTENTION NOUVELLE DATE : Le nouveau procès en appel intenté par le ministère de l'intérieur contre Hamé aura finalement lieu le mardi 3 juin à 14h devant la Cour d'appel de Versailles.

Vous pouvez apporter votre soutien à La Rumeur en signant le texte d'appel ci-dessous. La liste des signataires viendra s'ajouter au dossier de la défense.

A télécharger, cet historique de l'affaire (format pdf), rédigé par le site Acontresens.

à signer sur : http://la-rumeur.com/

Source : liste de diffusion Resistons Ensemble, reçu le 28 mai
Source : http://la-rumeur.com/index.php


« L’AFFAIRE LA RUMEUR »  (2002-2008)

Depuis 2002, « l’affaire La Rumeur » oppose le ministère de l’Intérieur à Hamé, membre du groupe de rap La Rumeur, accusé de diffamation publique envers la police nationale, pour trois phrases extraites d’un article. Cet article, « Insécurité sous la plume d’un barbare », fut publié en avril 2002, dans un magazine gratuit (La Rumeur magazine) accompagnant la sortie du premier album de La Rumeur, L’ombre sur la mesure. Le ministre de l’Intérieur de l’époque s’appelait Nicolas Sarkozy.

Après deux relaxes, en première instance (jugement rendu le 17 décembre 2004) et en appel (jugement rendu le 22 juin 2006), la cour de cassation a renvoyé, par son arrêt du 11 juillet 2007, Hamé devant la cour d’appel de Versailles. Ce troisième procès aura lieu le 6 juin 2008.

« Insécurité sous la plume d’un barbare », par Hamé

Voici l’article incriminé, publié le 29 avril 2002, entre les deux tours de l’élection présidentielle. Les passages qui constituent l’objet de la plainte sont ici en gras (on notera le découpage hasardeux des deuxième et troisième passages).

Ça y est, les partisans chevronnés du tout sécuritaire sont lâchés. La bride au cou n’est plus et l’air du temps commande aux hommes modernes de prendre le taureau par les couilles. Postés sur leurs pattes arrières, les babines retroussées sur des crocs ruisselant d’écume, les défenseurs de "l’ordre" se disputent à grands coups de mâchoires un mannequin de chiffon affublé d’une casquette Lacoste. Sociologues et universitaires agrippés aux mamelles du ministère de l’intérieur, juristes ventrus du monde pénal, flics au bord de la crise de nerfs en réclamation de nouveaux droits, conseillers disciplinaires en zone d’éducation prioritaire, experts patentés en violences urbaines, missionnaires parlementaires en barbe blanche, journalistes dociles, reporters et cinéastes de "l’extrême", philosophes amateurs des garden-parties de l’Elysée, idéologues du marché triomphant et autres laquais de la plus-value ; et bien évidemment, la cohorte des responsables politiques candidats au poste de premier illusionniste de France... tous, jour après jour, font tinter en prime-time le même son de cloche braillard : "Tolérance zéro " !!! "Rétablissement de l’ordre républicain" bafoué "dans ces cités où la police ne va plus". Ils sont unanimes et hurlent jusqu’à saturation, à longueur d’ondes et d’antenne, qu’il faut "oser" la guerre du "courage civique" face aux hordes de "nouveaux barbares" qui infestent la périphérie de nos villes. Qu’on en finisse avec le diable !!! l’ennemi intérieur, fourbe et infâme, s’est immiscé jusque dans nos campagnes et y a pris position. Ne craignons pas les contrats locaux de sécurité, les couvre-feux, l’abaissement de l’âge pénal à 13 ans, l’ouverture de nouveaux centres de détention pour mineurs, la suppression des allocations familiales aux familles de délinquants... Que la caillera se le tienne pour dit, la République ne laissera pas sombrer le pays dans le chaos apocalyptique des vols de portables, du recel d’autoradios ou du deal de shit sous fond de rodéos nocturnes... La République menacée, la République atteinte mais la République debout !!! Quelle leçon d’héroïsme ! Quelle lucidité d’analyse ! Et quel formidable écran de fumée !! A la table des grand-messes, la misère poudreuse et les guenilles post-coloniales de nos quartiers sont le festin des élites. Sous les assauts répétés des faiseurs d’opinion, les phénomènes de délinquance deviennent de strictes questions policières de maintien de l’ordre ; les quartiers en danger se muent en quartiers dangereux dont il faut se protéger par tous les moyens ; et les familles immigrées victimes de la ségrégation et du chômage massif, endossent la responsabilité du "malaise national". La crème des auteurs de la pensée sécuritaire joue à l’idiot à qui on montre la lune du doigt et qui regarde le doigt. Exit les causes économiques profondes. Exit les déterminismes sociologiques. Exit le risque que le débat prenne un jour l’aspect d’un réquisitoire contre les vrais pourvoyeurs d’insécurité : ceux-là même qui ont réduit des centaines de milliers de famille à vivre avec 4000 francs par mois ; ceux-là même qui appellent de leurs vœux les plus chers la marche forcée vers " l’économie de marché débridée ". Nous ne lirons pas, dans la presse respectable, que les banlieues populaires ont été, depuis une vingtaine d’années, complètement éventrées par les mesures économiques et sociales décidées depuis les plus hautes sphères de l’Etat et du patronat pour pallier à la crise sans toucher à leur coffre-fort.

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Source : http://la-rumeur.com/index.php

Lien : https://paris.demosphere.net/rv/5902