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samedi 27 avril 2013 à 17h

Tarnac, le grand spectacle

ou l'intoxication de l'opinion par un gouvernement

Nous recevrons David Dufresne, journaliste indépendant, samedi 27 avril 2013 à l'Hôtel de ville de Versailles, salle Clément ADER, à 17 heures, pour une conférence débat autour de son livre « Tarnac, Magasin général » Ed. Calmann-Lévy.

Dans son livre publié en mars 2012, David DUFRESNE s'interroge sur le sens de son métier de journaliste, et construit son récit autour des dizaines de personnes qu'il rencontre : les mis en examen, les policiers de « base » de la DCRI, les autorités politiques et judiciaires, etc. Un livre qui donne aussi à lire beaucoup de matière brute, que ce soit les textes militants (l'Appel, l'Insurrection qui vient), les rapports de la police, et les procès-verbaux permettant d'assister, de l'intérieur aux mécanismes de l'enquête judiciaire.

Rappel (à partir de l'article du journal Le Monde du 25.05.2009) :

Julien COUPAT est mis en examen le 15 novembre 2008 pour « destructions en association et en relation avec une entreprise terroriste » avec huit autres personnes interpellées à Tarnac (Corrèze) et à Paris, il est soupçonné d'avoir saboté des caténaires SNCF.

Eric Hazan qui est l'éditeur « Ed. La fabrique » de l'ouvrage, « l'insurrection qui vient » sera convoqué par les services antiterroristes.

« un livre versé intégralement au dossier d'instruction, des interrogatoires où l'on essaie de vous faire dire que vous vivez comme il est écrit dans « l'insurrection qui vient », que vous manifestez comme le préconise le livre, que vous sabotez des lignes de train pour commémorer le coup d'Etat bolchevique d'octobre 1917 puisqu'il est mentionné dans l'ouvrage(…) il ne s'était par vu depuis longtemps que le pouvoir prenne peur à cause d'un livre.(…) Ce qui fonde l'accusation de terrorisme, nous concernant, c'est le soupçon de la coïncidence d'une pensée et d'une vie ; ce qui fait l'association de malfaiteurs, c'est le soupçon que cette coïncidence(…) serait l'objet d'une attention commune » (Julien COUPAT dans Le Monde).

Le livre sort en 2007. En Juin 2008, le ministre de l'intérieur de l'époque recevra un rapport de 41 pages : « Du conflit anti-CPE à la constitution d'un réseau pré terroriste international : regards sur l'ultragauche française et européenne ». Puisque l'ensemble des pontes de la PJ a lu et relu le livre, prétendument écrit par Julien COUPAT, le rapport taille une large place au groupe qui vit à Tarnac. Et les médias de l'époque en viennent à se persuader qu'un groupe de post-situationniste ayant une épicerie buvette en Corrèze menace la société et le pouvoir. On peut dire que ces idées « anarchistes » au sens le plus large, n'ont rien de criminelles. La critique qui s'y développe reste à un certain niveau d'abstraction dans la tradition de Castoriadis ou Debord.

Si la mise en scène de l'affaire Tarnac n'est que l'aboutissement d'une stratégie de communication du pouvoir de l'époque, on voit comment une procédure d'exception, mise au service de postures politiciennes, débouche sur la violation de principes fondamentaux de l'Etat de droit. Il y a eu une disproportion entre les moyens mis en œuvre (La prise d'assaut par les brigades antiterroristes avec hélicoptères, troupes d'élite et caméras de France Télévision, à l'aube du 11 novembre 2008, du village de Tarnac en Corrèze, pour y arrêter un groupe de jeunes gens qui avaient pour tort de ne pas bien penser et de ne pas vivre comme tout le monde et lisant des livres subversifs, menant une vie « dissolue » n'ayant pas de téléphone portable…) et la situation réelle sur le terrain. La violation de la présomption d'innocence ne visait qu'à persuader l'opinion de l'importance et de la gravité prétendues de l'affaire.

Ainsi le spectacle a dégénéré : Julien Coupat est lui resté plusieurs mois incarcéré sans preuve ainsi que huit autres jeunes gens soumis à une garde à vue de 96 heures, mis au secret et traités comme des détenus à très haut risque. Finalement, la justice a contribué à décrédibiliser la dramatisation politico-policière et médiatique. Au bout de quelques semaines, du réseau terrifiant annoncé, il ne restait plus que Julien Coupat en détention provisoire : le « chef » de ces anarchos-autonomes est donc resté plus longtemps derrière les barreaux, sans doute pour masquer l'inanité de la thèse ministérielle initiale. De plus, comme l'a écrit Pierre Rimbert dans Le Monde diplomatique de juin 2009 « quand l'économie française détruit soixante mille emplois par mois, ce bricolage hâtif d'un nouvel ennemi intérieur suffira-t-il à détourner l'attention ? ». Par ailleurs « c'est ce nœud entre surveillance et simulation, contrôle social et construction fictionnelle qui est sans doute le principal danger qui pèse aujourd'hui sur les démocraties ». Christian Salmon dans le Monde du 05.12.2008.

Pour préparer le débat, en plus du livre « « Tarnac magasin général » de David Dufresne, et « L'insurrection qui vient » Comité invisible Ed La Fabrique, les articles de David Dufresne à propos de l'affaire Tarnac sur www.davduf.net , vous pouvez lire dans le Monde diplomatique de juin 2009 l'article de P.Rimbert :

« Tarnac ». http://www.monde-diplomatique.fr/2009/06/RIMBERT/17170

Plusieurs articles du journal LE MONDE www.lemonde.fr du 25.05.2009 ; 27.06.2008 ; du 03.12.2008 du 05.12.2008 et du 02.02.2009.

Courriel : eveleveque@wanadoo.fr ou Tél : 06 07 54 77 35

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Lien : https://paris.demosphere.net/rv/25729
Source : http://www.amis.monde-diplomatique.fr/article...