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mercredi 4 avril 2012 à 19h30

Repas de solidarité avec les

étudiant-es emprisonné-es en Turquie

Ainsi que l'expose une association de juristes, l'Association des Avocat-es Contemporain-es (Cağdas Hukukcular Derneği - ÇHD) dans son rapport du mois de novembre, il y a actuellement plus de 600 étudiant-es emprisonné-es en Turquie.

Au côtés des étudiant-es, se sont aussi, des député-es, des maires, des conseillers régionaux et municipaux, de nombreux militant-es politiques et associatifs, des écrivain-es, des journalistes, des défenseurs des droits humains, des avocat-es, des syndicalistes, des chargé-es de cours universitaires, qui sont détenu-es sans aucune preuve digne de ce nom, privé-es de leur liberté dans un processus juridique dont personne ne peut prédire la fin.

La plupart de ces arrestations et détention arbitraires sont faites sous le couvert des lois anti-terroristes, (Terörle Mücadele Kanunu - TMK) qui laissent libre cours à toutes les interprétations, et soutiennent les politiques étatiques répressives.

En effet, les lois anti-terroristes dont sont dotés un certain nombre de pays européens dont la France, sont, en Turquie, utilisées de manière large comme un moyen de répression de l'opposition et des mouvements sociaux. Ainsi, le gouvernement AKP (parti islamo-conservateur au pouvoir depuis 2002), qui perpétue en les durcissant les politiques répressives envers les mouvements sociaux et le mouvement kurde, menées par l'Etat turc depuis le coup d'Etat de 1980, élargissant et rendant plus vague encore la définition du terrorisme, utilise cette loi pour procéder à des arrestations et emprisonnements massifs dans l'opposition politique kurde et le mouvement social.

En stigmatisant comme « terroriste » n'importe quel genre d'opposition sociale et d'action politique, l'État essaie de légitimer auprès de l'opinion publique, la répression exercée contre le mouvement social et les droit d'organisation, de rassemblement, d'expression, etc.

Dans ce pays, être contre les politiques néo-libérales appliquées depuis les années 1980 et durcies par le gouvernement AKP, ou soutenir le mouvement kurde, suffit pour se voir privé de liberté.

Dans ce contexte, aujourd'hui en Turquie, les étudiant-es peuvent être emprisonné-es parce qu'ils sont membres d'un parti/syndicat, pour avoir protesté contre le prix de la cantine en boycottant, pour avoir participé à des manifestations légales comme les meeting du 1er mai, 8 mars, parce qu'ils luttent pour des droits fondamentaux comme la gratuité de l'enseignement, le droit à l'enseignement dans la langue maternelle, le droit au logement, à la santé, les transports. Ou parce qu'ils sont kurdes et/ou ont des appartenances réelles ou supposées avec le mouvement kurde.

D'ailleurs, la grande majorité des étudiant-es emprisonné-es sont kurdes. Pour l'Etat turc depuis des années, être kurde, soutenir le mouvement kurde est considéré comme équivalent à être terroriste.

L'AKP, qui ne ressent même pas le besoin de présenter des preuves pour légitimer ces opérations de répression, perpétue de nos jours la terreur d'État, avec des accusations que l'on pourrait qualifier de « comique » si elles n'avaient pas comme conséquence d'envoyer des milliers de personnes en prisons.

Voici le genre de « preuve » que l'on peut trouver dans les actes d'accusation des près de 600 étudiant-es emprisonné-es pour appartenance à une organisation terroriste :

  • Mots en kurde contenus dans des mails ou prononcés lors de conversation téléphoniques ;
  • Port du keffieh ;
  • Des notes de cours ou certains livres (Tolstoï « Guerre et Paix ; Marx, « Le Capital ») ou films (Lars Von Trier « Dancer in the Dark ») trouvés lors des descentes de police dans les maisons ;
  • Factures d'eau, bâtons en plastique pour drapeau, sparadrap, parapluie, cerf volants ;
  • Citron et œufs trouvés lors des fouilles ;

Des mots ou phrases qui figurent dans les conversations téléphoniques ou dans les courriers électroniques sont arbitrairement qualifiés par la police comme étant éléments de communication organisationnelle à des fins terroristes. Toute manifestation corporelle ou langagière, telles qu'une adhésion à un parti politique, le boycott de la cantine universitaire, la participation à un meeting ou à un communiqué de presse ou encore la revendication d'un enseignement gratuit, est sujette à investigation.

Des étudiant-es ont été condamné-es a jusqu'à 15 ans de prison pour avoir voulu la gratuité de l'enseignement.

Ainsi chaque jour, des étudiant-es sont arrrêté-es par la police de manière violente, dans la rue, ou chez eux à l'aurore.

Les étudiant-es qui ne sont pas emprisonné-es, se retrouvent privé-es de leur droit à l'enseignement par divers moyens de pression et sanctions, comme les exclusions temporaires ou définitives par les conseils de disciplines des facultés, le harcèlement policier, les gardes a vues, l'ouverture d'enquête contre eux.

Les actes d'accusations sans fondement sont préparés après coup et des mois après l'emprisonnement, ce qui rallonge d'autant la durée d'emprisonnement des étudiant-es. De cette manière, la période de détention qui précède le procès est utilisée en elle-même comme un moyen de répression et de « prise en otage politique ».

Ces procédés montrent à quel point l'État peut être arbitraire quand à sa manière de soupçonner les individus ou de limiter leur liberté.

Les étudiant-es, qui, du fait de la précarité de leur statuts socio-économiques sont des « proies faciles », sont emprisonné-es, jugé-es et condamné-es a des peines de prison.

Le tableau inquiétant qui ressort après des années de politiques répressives et d'intimidations appliquées de manières minutieuses et zélées par le pouvoir AKP, accompagnés de discours sur la « démocratie avancée », montre la nécessité d'entrer en action:

  • Dans le monde, le nombre de personnes accusées de terrorisme est de 35 117;
  • 37% de ces personnes se trouvent en Turquie où 12 897 personnes sont accusées d'une manière ou d'une autre d'être « membre d'une organisation terroriste » ;
  • Dans le cadre des opérations menées contre le mouvement kurde depuis 2009, il y a eut plus de 8000 gardes à vues, et 6300 emprisonnements ;
  • Il y a plus de 100 journalistes en prison ;
  • Près de 1000 avocat-es, académicien-nes, écrivain-nes, éditeurs, sont emprisonné-es.

En tant qu'étudiant-es de Turquie nous trouvant en France, nous ne restons pas silencieux devant ces emprisonnements et d'où que nous soyons, nous soutenons les luttes menées contre ces emprisonnements et pour la libération des étudiant-es (et des autres!) emprisonné-es .

Nous croyons à la nécessité de la lutte contre les pratiques répressives et anti démocratiques du gouvernement turc, présenté ces derniers temps comme un « modèle démocratique » dans l'opinion publique internationale, et spécialement aux pays du printemps arabe.

Dans cette lutte, nous attendons votre soutien.

Abrogation des lois antiterroriste en Turquie et ailleurs !
Abolition des tribunaux spéciaux!
Libération des étudiant-es emprisonné-es et de tou-te-s les prisonnier-es politiques !

Initiative de Solidarité avec les Etudiant-es emprisonné-es en Turquie

Lien : https://paris.demosphere.net/rv/20911
Source : message reçu le 20 mars 14h
Source: http://larotisserie.org/spip.php?article48