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mercredi 6 juillet 2011 à 14h

2 parties : 1 2

SAMU social - appel à mobilisation

Dans un contexte social où l'humain passe au second plan derrière les logiques économiques, le Samu Social de Paris se voit imposer des restrictions budgétaires limitant ses missions de façon drastique.

En effet, l'instauration de quotas d'entrée sur le dispositif d'urgence 115 a eu pour résultat de réduire presque à néant l'accès à une prise en charge pour les familles demandant une mise à l'abri, accentuant ainsi leur détresse et leur précarité, alors même que ce dispositif constituait pour elles le dernier filet de sécurité (certes imparfait) de notre société.

Alors que les usagers seuls ou en couple étaient déjà affectés par le manque de places dans les centres d'hébergements d'urgence, les familles étaient jusque ici prises en charge de manière presque inconditionnelle, afin de garantir la protection de l'enfance et la prise en compte de situations souvent dramatiques.

Or depuis un mois, c'est 40 à 70 personnes, soit une quarantaine d'enfants en moyenne, qui dorment dehors suite à la mise en place de ces quotas. Sans parler de tous ceux qui n'essayent même plus quotidiennement de nous contacter car ils ont perdu tout espoir de joindre le 115 ou de bénéficier d'une prise en charge. Nous en sommes réduits à orienter vers les hôpitaux pour une mise à l'abri, bien que ceci ne soit adapté ni pour les usagers ni pour les structures hospitalières qui n'ont rien à leur proposer et dont cela gêne le bon fonctionnement.

Aujourd'hui, si l'urgence tend à s'installer, c'est bien que la réinsertion de ces familles vers le logement intermédiaire ou social est encore trop limitée, voire inaccessible. Une réduction brutale des moyens alloués au dispositif d'hébergement d'urgence du 115 réduit le nombre de personnes prises en charge en les excluant du dispositif, alors que notre mission consiste à protéger ce public isolé et fragilisé. Plutôt que sur les économies à court terme, les efforts devraient être concentrés sur une réelle politique de lutte contre la précarité en développant les dispositifs de prévention, d'insertion et la mise en place de solutions adaptées (ce qui n'est pas non plus le cas de la prise en charge hôtelière). Tant que celles-ci ne sont pas encore opérantes, il conviendrait de maintenir au moins le minimum qui était jusque là assuré : la mise à l'abri.

Depuis le 11 Avril dernier, le nombre de laissés pour compte ne cesse donc d'augmenter. Quand le social génère ses propres exclus et quand les pouvoirs publics se défilent devant leurs responsabilités, quelle est cette société qui ne respecte plus les valeurs qu'elle érigeait en fronde ?

Au-delà des mesures appliquées au Samu social de Paris, c'est cette logique globale de délitement de la protection des personnes en situation de précarité (isolées ou en famille) que nous dénonçons aujourd'hui. Et si la politique du gouvernement actuel tend à « diviser pour mieux régner », nous, collaborateurs du Samu social de paris, appelons l'ensemble des plateformes d'urgence, ainsi que nos partenaires institutionnels et associatifs à nous rejoindre pour une journée de mobilisation, le mercredi 6 juillet 2011 à 14h Place de l'hôtel de ville.

Espérant que vous soyez nombreux à répondre à cet appel,

Les collaborateurs du Samusocial de Paris


Lettre ouverte à l'attention des dirigeants du Samusocial de Paris

Madame, Monsieur

Suite aux récentes directives qui impactent grandement notre travail quotidien, nous, collaborateurs du Samusocial de Paris - tous services confondus-, vous adressons ce courrier afin de vous faire part de notre d'indignation en tant que salariés de l'institution et en tant que citoyens.

En effet nous sommes nombreux à ressentir un profond malaise face à la consigne donnée en haut lieu d'appliquer des quotas drastiques concernant les familles qui sollicitent une prise en charge sur le dispositif 115 / Samusocial de Paris.

À un premier niveau, ce qui nous fait réagir c'est la soudaineté et la brutalité de la mise en place de cette mesure et le manque d'anticipation dans le travail en amont comme dans le discours auprès des différents partenaires. Car malgré un budget prévisionnel qui annonçait clairement des insuffisances dans la prise en charge des familles, le fonctionnement interne n'a pas été modifié pour corriger progressivement cette situation. Des décisions concrètes étaient attendues concernant les familles hébergées en dépannage du secteur et de la PSA mais n'ont pas été prises.

Nous en arrivons donc à appliquer brutalement une mesure extrême qui aboutit à laisser dehors plus de 20 familles chaque soir, pour l'instant. Ceci représente 60 à 70 personnes dont les situations sont souvent très préoccupantes, et nous pouvons nous attendre à ce que leur nombre croisse rapidement au fil des semaines avec l'effet d'accumulation.

Mais au-delà de cet état de fait, c'est la logique même de cette directive que nous questionnons aujourd'hui.

Le Samusocial de Paris est et a toujours été une institution portant une mission d'utilité publique qu'elle doit avoir à cœur de mener au plus près des enjeux de terrain et de l'intérêt des bénéficiaires.

Or cette injonction d'appliquer des quotas aussi restrictifs a pour conséquence l'abandon d'une partie de notre public pourtant prioritaire si l'on considère son niveau de précarité matérielle et sociale (familles sans papiers et demandeuses d'asile avant leur prise en charge par la CAFDA).

La mise en danger d'autrui est même proche quand, dans la situation actuelle, nous en arrivons à refuser massivement une prise en charge pour des familles avec des enfants en bas âge, des problématiques de santé, un grand épuisement physique, ou se trouvant dans des situations personnelles et familiales dramatiques. Or c'est précisément la prise en charge de ces situations qui fonde la raison d'être d'une institution telle que la nôtre.

D'autre part, concernant les familles que nous hébergions auparavant en dépannage de la PSA

Chemin Vert et des secteurs, le fait qu'elles relèvent d'une prise en charge devant être assurée par d'autres acteurs ne nous dédouane pas de notre responsabilité face à ces publics d'autant plus que le manque de concertation et de collaboration avec les dits acteurs aboutit depuis des années à les renvoyer de porte à porte sans autre solution finalement que le 115.

Est-ce à ces familles démunies de supporter un tel dysfonctionnement de notre système?

La souplesse qu'avait jusque là le dispositif 115 doit être maintenue pour atténuer les effets de ces dysfonctionnements, en attendant que la concertation entres les différents acteurs aboutisse à une redéfinition claire des rôles de chacun. A l'inverse le choix de l'application de quotas rigides aboutit à supprimer le dernier recours que nous représentions pour ces familles en difficulté et ne permet même pas la prise en compte des situations les plus préoccupantes.

Dans ce contexte, qu'en est-il réellement de la protection de l'enfance ?

Il nous est demandé aujourd'hui de diminuer progressivement le nombre de personnes prises en charge, alors même que le nombre de familles se retrouvant sans domicile augmente continuellement depuis quelques années. Ainsi le quota impose un nombre d'entrants sur le dispositif équivalent à la moitié des sortants de la veille : avec une telle logique on finit par se rapprocher du zéro, est-ce à long terme le but recherché ?

Une réelle volonté de traitement de la précarité concentrerait ses efforts à développer les possibilités de sortie par le haut du dispositif (dispositifs d'insertion et d'accès au logement), et non la sortie par le bas, sans solution alternative ni amélioration pour ces familles.

Si les personnes isolées connaissent déjà cette situation, état de fait largement dénoncé, doit-on suivre cet exemple comme on nous le laisse entendre « nous faisons bien des DNP (demandes non pourvues) pour les isolés », car après tout, pourquoi les familles ne dormiraient-elles pas dehors, elles étaient jusque là privilégiées ?…

Le Samusocial de Paris étant un Groupement d'intérêt public, nous sommes conscients qu'il doit se plier aux directives de l'Etat, sa tutelle, mais en tant que tel, il doit aussi s'assurer de la préservation dudit « intérêt public », et le défendre sans conditions, comme il le revendique à travers son slogan « solidaires, sans conditions ».

Ainsi il nous paraît être de la responsabilité du GIP (sinon de qui d'autre ?) de s'opposer à des mesures qui iraient à l'encontre de la mission première qui lui a été confiée, et d'empêcher que le sort des hommes, des femmes et des enfants que nous avons pour mission de protéger soit subordonné à une logique économique qui a l'inquiétante tendance à prendre le pas sur l'humain.

Le manque de budget invoqué cette année relevant moins de la fatalité que de la décision politique, c'est à nous sur le terrain et à vous, responsables de l'institution, de défendre notre mission, et de réclamer les moyens de la poursuivre.

Nous appelons aujourd'hui le Samusocial de Paris et l'ensemble des acteurs institutionnels et associatifs du secteur du social à réinvestir leur rôle de défenseurs des droits humains fondamentaux et des droits sociaux, à revendiquer la protection de l'enfance, le droit à un logement décent, le droit à vivre dans la dignité et le respect, et à réactiver un travail social digne de ce nom, doté d'un minimum de moyens pour assurer sa fonction de régulateur indispensable au bon fonctionnement de notre société, comme rempart à son implosion.

Souhaitant que ces revendications trouvent l'écho qu'elles méritent, et vous assurant de notre détermination à les défendre, nous vous adressons nos salutations engagées.

Signataires : Les collaborateurs du Samusocial de Paris

Source : message reçu sur la liste RESF-75 le 30 juin 19h
Source : message reçu le 3 juillet 20h


Mobilisation pour le logement social et l'hébergement d'urgence

Le seul centre du SAMU social de Paris accueillant des femmes en situation de grande détresse et de précarité a fermé ses portes le 30 juin dernier, sans qu'aucune solution ne soit trouvée pour les 38 femmes hébergées qui sont maintenant à la rue.

Un rassemblement est organisé le 6 juillet sur le parvis de l'Hôtel de Ville de Paris. Il est initié par les collaborateurs du SAMU social de Paris.

STOP à la remise en cause des financements aux structures et associations accompagnant les personnes les plus fragiles.
STOP à la logique du chiffre appliquée à l'humain.
STOP aux restrictions imposées à tous les domaines du travail social.

OUI à une vraie politique de lutte contre la précarité et l'exclusion sociale.
OUI à la mise en place de solutions adaptées de prévention et d'insertion.

RDV le 6 juillet à 14h sur la place de l'Hôtel de Ville de Paris.
Métro Hôtel de Ville, lignes 1 et 11.

Source : http://osezlefeminisme.fr/evenement/607-mobil...

Lien : https://paris.demosphere.net/rv/17862